COMMUNIQUÉ
Kuujjuaq (Nunavik), le 17 avril 2020 – Makivvik, l’organisme qui représente les droits des Inuits du Nunavik, s’oppose fermement à la reprise des activités minières au Nunavik, tel qu’il a été annoncé lundi par le gouvernement du Québec. La décision a été prise unilatéralement par le gouvernement du Québec, sans aucune forme de consultation des Inuits, et a été en outre appuyée par une directive émise par la directrice de la santé publique du Nunavik et le directeur de la sécurité publique du Nunavik visant à lever partiellement l’interdiction des déplacements au Nunavik en raison de la réouverture des complexes miniers. Les Inuits constituent la grande majorité de la population au Nunavik et doivent pouvoir se prononcer sur des enjeux régionaux importants tels que celui-ci. Les mineurs ont commencé à revenir dans la région hier.
« Makivvik ne peut envisager la réouverture des mines au Nunavik à ce moment-ci. C’est très dangereux. Les représentants élus dans les communautés et les divers organismes régionaux doivent être entendus. Ils doivent pouvoir faire leurs choix et prendre leurs propres décisions. Le Nunavik ne peut être et ne sera pas gouverné par des fonctionnaires qui peuvent être tentés d’utiliser la pandémie pour renforcer leur pouvoir », a mentionné le président de Makivvik, Charlie Watt. « Nous avons écrit de nombreuses lettres au gouvernement du Québec concernant divers enjeux liés à la pandémie et n’avons obtenu aucune réponse… pas même un accusé de réception. »
Les Inuits du Nunavik sont insultés des mesures prises unilatéralement par le gouvernement du Québec, qui ont pour effet de rouvrir de vieilles blessures. « C’est ce que nous avons vécu au début des années 1970 quand le premier ministre de l’époque, Robert Bourassa, avait unilatéralement annoncé la construction de barrages sur des rivières au Nunavik pour réaliser le projet hydroélectrique de la baie James », a affirmé Charlie Watt. « La même chose s’est produite en 1977 quand René Lévesque a élaboré unilatéralement la loi 101, qui aurait porté atteinte à l’inuktitut sans notre consentement ni consultation. Nous avons organisé des manifestations à Kuujjuaq et dans d’autres villages et mené des actions de désobéissance civile, ce qui a abouti à une exemption du Nunavik de l’exigence de l’utilisation du français seulement afin de protéger la langue inuite. Il faut mettre un terme maintenant à ces décisions unilatérales. »
Makivvik ne veut pas que l’histoire se répète et demande au gouvernement du Québec de revoir sa décision quant à la réouverture des mines au Nunavik et d’inclure la voix des Inuits dans ses consultations. En tant que signataire de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) ainsi que de l’Entente Raglan et de l’Entente Nunavik Nickel, Makivvik est la représentante politique des Inuits du Nunavik, cela ne fait aucun doute. Le gouvernement du Québec ne peut pas faire fi de Makivvik et doit respecter pleinement l’esprit et l’intention de la CBJNQ. Les Inuits ne peuvent pas accepter de vivre un autre épisode désolant de colonialisme en 2020.
« Ce n’est pas parce qu’il y a une pandémie qu’il n’y a plus d’obligation de consulter les Inuits », a affirmé Charlie Watt. « Nous sommes très préoccupés par la propagation du coronavirus que pourrait entraîner la réouverture des mines. Nous ne croyons pas que les conditions empêcheront complètement la population inuite d’entrer en contact avec des personnes potentiellement infectées qui reviennent dans la région ».
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Renseignements :
Carson Tagoona
Directeur des communications
Société Makivvik
ctagoona@makivik.org
www.makivik.org
Makivvik est l’organisation de revendications territoriales chargée de gérer les fonds patrimoniaux perçus par les Inuits du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Elle a notamment pour rôle d’administrer et de placer ces fonds et de promouvoir la croissance économique en aidant à créer des entreprises dirigées par les Inuits du Nunavik. Makivvik favorise la préservation de la culture et de la langue inuites de même que la santé, le bien-être, la réduction de la pauvreté et l’éducation des Inuits dans les communautés.