COMMUNIQUÉ
Kuujjuaq (Nunavik), le 17 juin 2020 – Makivvik, un organisme de défense des droits des Inuits, demande au gouvernement du Québec de complètement réformer l’administration de la justice au Nunavik, incluant les services de protection de la jeunesse, les services aux jeunes contrevenants et le service de police du Nunavik, soit le Corps de police régional Kativik (CPRK).
« Des manifestations ont lieu aux quatre coins du monde pour dénoncer le racisme systémique au sein des systèmes de justice, racisme qui sévit encore et toujours au Nunavik et que je trouve écœurant », a affirmé le président de Makivvik, Charlie Watt. « Une réforme en profondeur du système de justice et des services policiers est attendue depuis longtemps. Les rapports successifs qui ont été produits à ce sujet recommandent une telle réforme et de multiples études soulignent les lacunes du système de justice et des services policiers. Ce sont les Inuits qui souffrent de cette discrimination, et ce, à tous les niveaux incluant l’éducation, les soins de santé et l’administration des communautés. Les services de la protection de la jeunesse ont été mis en place pour protéger les enfants inuits, mais, au lieu de cela, ils détruisent des familles et violent les droits des enfants et des parents. Le gouvernement du Québec s’est contenté de croiser les bras et de laisser faire. »
Makivvik suivra attentivement le groupe d’action nouvellement mis en place par le premier ministre Legault pour lutter contre le racisme systémique dans la province, notamment auprès des peuples autochtones. Le groupe de travail est cependant boiteux avant même d’avoir commencé ses travaux, car les Inuits n’y sont pas représentés.
Le Nunavik est prêt pour que le CPRK soit dirigé pas une personne inuite civile. Le Nunavik a besoin de services de protection de la jeunesse qui reflètent les valeurs, la culture et la langue des Inuits et d’un système de justice qui est établi au nord et permet aux Inuits d’exercer pleinement leurs droits.
Les Inuits ont mené une enquête sur le système de justice au Nunavik au début des années 1990. Le Groupe de travail inuit sur la justice a produit un rapport final en 1993 intitulé Aqqusiurniq Sivunitsaslaguniqsamut – Ouvrir la piste vers un meilleur avenir. Le rapport contient 30 recommandations réparties en huit rubriques : mesures préventives; rôle du droit coutumier et des traditions inuites; application de la loi (police); représentation juridique (accès aux conseils juridiques); appareil judiciaire et options de rechange; établissements et services correctionnels (de détention); et réinsertion dans le milieu et solutions de rechange à l’incarcération.
Plus récemment, en septembre 2019, la Commission Viens a rendu public son rapport final sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec. La Commission était présidée par Jacques Viens, un ancien juge du Québec qui compte de nombreuses années d’expérience au sein du système de justice au Nunavik. Son rapport contient 142 appels à l’action, incluant des sections sur les services policiers et le système de justice.
En outre, il y a tout juste un peu plus d’un an, soit en mars 2019, le Barreau du Québec a exhorté le gouvernement du Québec à corriger les lacunes du système de justice au Nunavik.
« Le premier ministre François Legault a présenté des excuses formelles aux peuples autochtones du Québec, incluant les Inuits », a mentionné Charlie Watt. « L’année passée, il a affirmé devant l’Assemblée nationale ce qui suit : ‘L’État québécois a manqué à son devoir envers vous. Il vous demande aujourd’hui pardon.’ Monsieur le premier ministre, nous vivons tous des moments difficiles. La pandémie et les manifestations dénonçant le racisme systémique au sein des forces policières portent ces questions à l’avant-plan. Nous voulons travailler avec vous pour aller au cœur des problèmes des services policiers et du système de la justice au Nunavik. »
Ces questions feront l’objet de discussions lors de l’Assemblée générale annuelle de Makivvik prévue le mois prochain.
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Renseignements :
Carson Tagoona
Directeur des communications
Société Makivvik
ctagoona@makivik.org
Makivvik est l’organisation de revendications territoriales chargée de gérer les fonds patrimoniaux perçus par les Inuits du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Elle a notamment pour rôle d’administrer et de placer ces fonds et de promouvoir la croissance économique en aidant à créer des entreprises dirigées par les Inuits du Nunavik. Makivvik favorise la préservation de la culture et de la langue inuites de même que la santé, le bien-être, la réduction de la pauvreté et l’éducation des Inuits dans les communautés.