« Le CPRK doit retourner à son mandat premier qui est d’être un corps de police inuit », a mentionné le président de Makivvik.
COMMUNIQUÉ
Kuujjuaq (Nunavik), le 13 août 2020 – Makivvik a été indignée d’apprendre dans un reportage que le nombre de décès impliquant la police est 30 fois plus élevé au Nunavik que dans la province de l’Ontario. Le reportage indique également que le taux de mortalité au Nunavik est au moins aussi élevé, voire plus élevé que tout autre territoire nordique. Selon les rapports du bureau du coroner du Québec, 17 Inuits du Nunavik sont décédés entre 2000 et 2018 pendant qu’ils étaient en garde à vue ou en détention, ou encore, pendant ou après une interaction avec la police. La population moyenne du Nunavik au cours de cette période était de 11 746 habitants. À titre comparatif, il y a eu 13 décès impliquant la police au Nunavut, dont la population moyenne était de 32 441 habitants.
« C’est tout simplement inacceptable pour les Inuits », a affirmé le président de Makivvik, Charlie Watt. « Cette situation dure depuis des décennies. Il devrait y avoir une enquête sur la façon dont le Corps de police régional Kativik [CPRK] traite les Inuits qui sont appréhendés. Le CPRK a été créé en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975 en tant que corps de police inuit pour remplacer la police provinciale du Québec. Il faut que le CPRK retourne à son mandat premier qui est d’être un corps de police inuit dirigé par les Inuits. J’avais suggéré que l’on embauche un civil inuit pour diriger la police du Nunavik, mais ça n’a rien donné. »
Fait intéressant, le gouvernement du Québec a nommé cette année une civile pour diriger le corps de police provincial, la Sûreté du Québec. C’est la première fois qu’une femme, qui n’a jamais été policière, est nommée à la direction de la Sûreté du Québec.
Le reportage inclut également des données pour le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.). Les deux territoires ont une population moyenne de plus de 40 000 habitants. Pour la même période de 18 ans, leur taux de décès impliquant la police était de cinq et de six personnes respectivement, ce qui est considérablement moins qu’au Nunavik.
Au début des années 1990, Makivvik a mené les travaux d’un groupe de travail sur la justice au Nunavik, dont le rapport final, publié en 1993, est intitulé Ouvrir la piste vers un meilleur avenir : Rapport final du Groupe de travail inuit sur la justice. Dans ses recommandations, le rapport souligne la nécessité d’avoir un corps de police inuit et un système de justice qui est mieux adaptée à la culture inuite, notamment en ce qui concerne le rôle du droit coutumier et des traditions des Inuits dans le système de justice. En outre, le rapport recommande ce qui suit : « [I]l faut élaborer des programmes de formation et d’éducation obligatoires, destinés à tout le personnel intervenant dans le système de justice au Nunavik [comme c’est le cas dans les T.N.-O]. »
« J’encourage les autres dirigeants de la région à travailler ensemble et à parler d’une seule voix pour apporter des changements positifs », a mentionné M. Watt. « Il faudra que tous les Nunavimmiuts et les gouvernements déploient des efforts pour changer les choses et nous mener dans la bonne direction. »
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Renseignements :
Carson Tagoona
Directeur des communications
Société Makivvik
ctagoona@makivik.org
www.makivik.org
Makivvik est l’organisation de revendications territoriales chargée de gérer les fonds patrimoniaux perçus par les Inuits du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Elle a notamment pour rôle d’administrer et de placer ces fonds et de promouvoir la croissance économique en aidant à créer des entreprises dirigées par les Inuits du Nunavik. Makivvik favorise la préservation de la culture et de la langue inuites de même que la santé, le bien-être, la réduction de la pauvreté et l’éducation des Inuits dans les communautés.