Kuujjuaq (Québec), le lundi 19 décembre 2016 –– Au nom des Inuits du Nunavik, Makivvik exprime une vive préoccupation concernant le déclin considérable du troupeau de caribous de la rivière aux Feuilles dans le Nord-du-Québec (Nunavik) et demande au gouvernement du Québec de faire cesser la chasse sportive de cette espèce. Depuis le dernier dénombrement effectué en 2011, lequel estimait la population à 430 000 caribous, les résultats de 2016 indiquent une population de 199 000 caribous, soit une baisse de plus de 50 % en cinq ans. Le troupeau de la rivière George, lequel a déjà compté plus de 760 000 caribous, a été estimé à 8 900 individus lors d’un relevé aérien réalisé en 2015.
« Le caribou est une composante essentielle de notre régime traditionnel. Il ne peut être remplacé par des équivalents de moindre qualité nutritionnelle importés du sud et vendus à des prix exorbitants au Nunavik. La chasse traditionnelle n’est pas une activité de divertissement dont le but est d’obtenir le plus gros trophée, comme c’est le cas de la chasse sportive. Il s’agit plutôt d’assurer la sécurité alimentaire de mon peuple. Le droit d’exploitation que peuvent exercer les Inuits et des niveaux d’exploitation garantis sont prévus dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois », a mentionné Adamie Delisle Alaku, vice-président de l’Exécutif de Makivvik et membre du Comité conjoint de chasse, de pêche et de piégeage (CCCPP).
D’un total s’élevant à 1 200 000 individus dans les années 1990, les troupeaux de la rivière George et de la rivière aux Feuilles ont radicalement chuté, et le déclin se poursuit selon les observations des chasseurs inuits et les données scientifiques. Les résultats présentés par un biologiste du gouvernement du Québec au CCCPP à une réunion tenue la semaine dernière ont été à la fois surprenants et choquants.
« C’est un scandale public inconnu de la majorité de la population canadienne. Il est inacceptable que le gouvernement fédéral ait choisi de rester à l’écart, malgré ses obligations fiduciaires envers les Inuits du Nunavik, surtout en ce qui concerne les décisions prises à l’égard du troupeau de la rivière George, troupeau dont l’habitat se trouve aussi à Terre-Neuve-et-Labrador. Il s’agit donc d’une responsabilité transfrontalière qui incombe au gouvernement fédéral. Nous ne voulons pas que l’histoire se répète et qu’en raison de l’absence de décision de la part du gouvernement le troupeau de la rivière aux Feuilles s’effondre comme celui de la rivière George », a ajouté Delisle Alaku.
Makivvik et ses représentants nommés pour siéger au CCCPP demandent depuis plus de six ans que cesse la chasse sportive à la lumière des indicateurs de déclin, dont le piètre état physique, l’observation générale d’un moins grand nombre d’individus ainsi que d’un moins grand nombre de grands mâles. Ces derniers contribuent grandement au succès de reproduction de l’espèce, mais sont également le trophée de chasse convoité des chasseurs sportifs. Malgré les demandes répétées, le gouvernement du Québec a mis trois ans avant de fermer la chasse sportive au caribou du troupeau de la rivière George.
Les représentants des Inuits et les représentants de tous les Autochtones concernés (incluant les Cris et les Naskapis) ont demandé la fermeture de la chasse sportive au troupeau de caribous de la rivière aux Feuilles à une réunion du CCCPP tenue la semaine dernière. Il revient maintenant au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Luc Blanchette, de prendre la bonne décision et de fermer la chasse sportive.
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William Tagoona
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Makivvik est la société de développement chargée de gérer les fonds patrimoniaux perçus par les Inuits du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Elle a notamment pour rôle d’administrer et de placer ces fonds, et de promouvoir la croissance économique en aidant à créer des entreprises dirigées par les Inuits du Nunavik. Makivvik favorise la préservation de la culture et de la langue inuites, de même que la santé, le bien-être social et économique, et l’éducation des Inuits dans les communautés.